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2. - LES DEBUTS
Asparoukh, qui dirige la quatrième migration - celle qui nous intéresse (quoique la migration tardive, en Macédoine, du clan Kouber n'est pas - du point de vue bulgare - sans intérêt!) - parvient dans la plaine du delta du Danube. Nous sommes en 680 et, en 20 ans, Byzance a reconquis toutes les terres au sud de la chaîne du Balkan. Les princes des sept tribus slaves établies entre ces montagnes et le Danube commencent à s'inquiéter, et ce, d'autant plus qu'on annonce une grande offensive de l'empereur Constantin IV Pogonate qui se prépare à débarquer avec une armée de 60.000 hommes à Varna. Un accord est alors établi avec Asparoukh. En échange de l'aide de ce dernier, les Slaves de la Mésie se soumettront aux lois bulgares et reconnaîtront l'autorité du khan. En 681, l'ost byzantin débarque et s'attend à devoir combattre une bande de barbares vivant dans des huttes et sans aucune science militaire: il se trouve face à une forteresse et des troupes aguerries qui effectuent sorties sur sorties, épuisant les assiégeants. Quelques semaines plus tard, le khan Asparoukh décide de livrer la bataille générale. A la seule vue de la fameuse "cavalerie de fer" des Bulgares - rangée au centre de la formation de combat - c'est la panique dans le camp adverse! Les Byzantins lâchent leurs armes et se ruent vers leurs bateaux. Constantin IV Pogonate et sa suite ne doivent leur salut qu'au fait qu'ils sont les plus rapides. Un peu surpris au début, et soupçonnant une ruse de guerre, les guerriers bulgares se reprennent et anéantissent la presque totalité de l'armée ennemie. Au coin de conflits sporadiques avec l'Empire byzantin (qu'accessoirement il sauve, in extremis en 718, de la menace islamique!), et soutenu par les populations slaves autochtones, le nouvel Etat ne cessera d'élargir ses frontières. Sous le règne du khan Kroum (803-814), Serdika (Srédetz, Sofia) tombe aux mains de celui-ci. La Vieille route, artère la plus importante du Moyen-Age, est coupée! Byzance, qui ne peut se permettre de perdre le contrôle de cette voie, décide alors une nouvelle tentative pour se débarrasser, une fois pour toutes, de son (trop) puissant voisin. Une forte armée franchit le Balkan, rase Pliska - la capitale d'alors - et dévaste les territoires bulgares... Mais au retour, dans un col du Balkan, elle est presque totalement anéantie par les troupes du khan Kroum, parmi lesquelles combattaient également des femmes. L'empereur byzantin, pourtant prévenu par son astrologue ("Il faut se méfier du khan, dira-t-on!"), trouve également la mort dans cette bataille: son crâne, ferré d'or, est transformé en coupe dans laquelle boit - au cours des cérémonies - le khan Kroum (qui était, avouons-le, un tantinet crâneur)! La contre-offensive bulgare poursuit sa marche, écrase le reste des forces byzantines à Versinikya (mars 813) et parvient sous les murs de Constantinople (été 813). Fidèle à une politique ne visant qu'à conquérir les terres peuplées de Slaves, tout en maintenant Byzance comme Etat-tampon entre la Bulgarie et l'Orient musulman, Kroum se contente - en signe de victoire - de planter sa lance dans la muraille de la ville, puis s'en retourne chez lui. A la suite de cette victoire, le territoire bulgare voit ses frontières s'agrandir à l'ouest jusqu'à la Tisza, à l'est jusqu'au Dniester et au sud jusqu'au Rhodope. Kroum établit la première législation du nouvel Etat et son fils Omourtag (816-831) en crée l'organisation administrative. Après le règne de ce dernier, les khans continuent à élargir leur territoire vers les confins occidentaux de la Péninsule et la Bulgarie finit par englober toutes les terres peuplées de Slaves en Europe du Sud-Est. C'est en 865 que le khan Boris se convertit au christianisme sous le nom de Mikhaïl. Nous devons cet article à Monsieur Roland Lemaigre, que nous remercions.
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