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PAS DE RUSSIE SANS VODKA !

Tout comme l'Occidental a son apéro, le Français son pinard, le Belge sa pinte, le Russe a sa Vodka. La Vodka est une boisson absolument incontournable en Russie, mais il serait simpliste d'en rester à cette comparaison. Tout comme le Français dispose d'une variété immense de vins, le Belge présente un assortiment incroyable de bières, le Russe peut proposer quantités de Vodkas différentes. Mais, pour le Russe, la Vodka n'est pas seulement un breuvage. La Vodka s'apparente aussi à tout un rituel, à certaines circonstances, possède ses particularités, ses significations, on ne la boit pas n'importe comment. Peut-être serait-il exagéré de parler d'un "art de la Vodka", mais on peut quand même signaler que la consommation de la Vodka fait partie d'un certain art de vivre en Russie. Ce dernier mérite à lui seul et à coup sûr que l'on s'y attarde, car il a un côté un peu magique que le profane ignore malheureusement le plus souvent.

Il serait assez utopique de tenter d'enfermer la Vodka dans quelques définitions serrées, à l'occidentale. Elle échappe à ce genre de discipline parce qu'elle fait partie du monde russe qui n'a rien à voir avec notre esprit rationnel. Il vaut donc bien mieux essayer de la prendre par la bande, c'est-à-dire par la sensibilité, les sentiments (pourquoi pas? Ca vous dérange?), en essayant de vous mettre dans leur peau et, forcément, en faisant au moins un peu abstraction de la vôtre. De ce fait, on ne peut mieux expliquer ce qu'est la Vodka qu'au travers d'exemples, de citations, de proverbes, de blagues ou d'anecdotes.

On boit la vodka pour se réchauffer, pour s'exciter, pour "monter l'adrénaline dans le sang", pour s'activer et se stimuler. On ne goûte pas la vodka, on ne la boit pas non plus par gorgées, elle n'a pas de goût (cette dernière affirmation est cependant contestée par l'auteur qui, hips ! connaît assez bien la Vodka et qui trouve des goûts différents d'une variété de Vodka à l'autre. Il s'agit cependant de subtilités et... d'une question de goûts.)

On ne boit pas la Vodka de n'importe quelle façon. Tout d'abord, certains conseilleront de la mettre "un certain temps" au congélateur (pas assez pour que la bouteille ne se casse, bien sûr, mais suffisamment pour qu'elle "ait des larmes" - pour reprendre l'expression russe consacrée - ou qu'elle soit embuée si vous préférez), en tous cas, il est largement préférable qu'elle soit bien froide, la plus froide possible afin qu'elle perde son amertume.

Voilà donc une première condition pour boire convenablement une Vodka, mais c'est loin, très loin d'être la seule. Il est indispensable de souligner le fait que l'idéal est de boire la Vodka entre Russes. La communication, la symbiose, la communion ne sera jamais aussi pleine que dans ce cas et il n'est que normal de réserver cette priorité au peuple de Russie. Pour comprendre cette affirmation, il faut essayer de se placer dans le contexte: les Français ont leur façon de "partager la consommation du vin" (si on peut dire ça comme ça!) qui ne sera jamais semblable ailleurs; de même l'ambiance d'un groupe belge attablé devant quelques chopes est absolument typique et irréductible (comme les Gaulois!). On ne doit pas y voir une réelle exclusivité, mais un trait de caractère propre que l'on ne peut reproduire que dans ces circonstances précises. Ca ne s'explique pas, ça se sent, ça se ressent, bref, simplement: ça se vit. Et l'idéal, hé bien, nous l'avons dit. Cela ne signifie pas pour autant que l'on ne puisse pas se rapprocher très fort de cet idéal et de tirer d'immenses satisfactions de la Vodka, sans pour cela être Russe. Fort heureusement!

Essayons justement de voir quelle est l'approche de la consommation de Vodka par les Russes. Pas facile à exprimer!
En Russie, la première chose que les hommes commencent à demander aux autres lorsqu'ils boivent ensemble c'est: "Me respectes-tu?" Respecter = croire (avoir confiance, estimer) Quand on propose un verre de vodka, il faut absolument l'accepter, le refus est une offense pour les maîtres de la maison. Si, après avoir accepté, vous buvez tout un verre (du calme, il peut être petit: 50-100 ml), vous êtes de la compagnie, vous êtes fort, un vrai homme... Laissons cela aux Russes, pour signaler quand même qu'on retrouve assez souvent cette optique chez les autres peuples, qui se mesurent volontiers à leur capacité de boire, que ce soit du vin, de la bière ou autre chose. Cela appartient à la fois au caractère masculin (qui, avouons-le, trouve parfois des compétitions extra-olympiques très particulières!) et à la convivialité la plus joyeuse. Cela dit, il faut dire aussi, au risque d'être incomplet et mal compris, que, dans les maisons russes normales ou en compagnie, personne ne sera contraint de boire, n'oublions pas que le désir des invités est la loi en Russie. on vous comprendra.

Votre humble serviteur, qui adore la Vodka, ne le savait pas non plus mais il est de coutume d'accompagner le verre de Vodka d'un cornichon, d'un morceau de concombre, de tomate ou d'autre chose selon les goûts. On ne le place pas dans le verre comme on met une tranche de citron dans le Martini, avec une olive éventuellement, mais on le mange à part. Entre deux verres. Mais, comme déjà signalé, la Vodka ne se sirote pas. Elle "s'avale"! Autrement dit, elle se boit d'un trait, cul blanc (comme on dit) ou "cul sec" (aussi comme on dit!). De plus, il existe toute une technique respiratoire qui, paraît-il, permet de boire beaucoup de Vodka sans être (trop) ivre. Avant d'avaler la vodka, inspirez l'air par le nez et puis expirez-le par la bouche, à ce moment avalez rapidement cette boisson magique, qui vous donne en quelques secondes une sensation très chaleureuse et forte.

Bien sûr, il existe de très nombreuses sortes de Vodka et la Russie n'est pas seule productrice de cette boisson, fabriquée à base de blé.
Moskovskaïya, Stolitchnaïya, Kremliovskaya, Pertsovka, Smirnoff, Eristoff, Minkova, etc.), polonaise (Zubrowka, Wyborova ), suédoise (Absolut).
La vodka artisanale s'appelle Samogon, elle est plus forte et peut avoir jusqu'à 90°C. Elle est très particulière.

A Présent, quelques blagues, citations, anecdotes, à propos de la Vodka...

Pour un Russe, la pire maladie c'est le lumbago, car il empêche de lever son verre..."

Deux ivrognes moscovites se rencontrent dans un bar:
Dis-moi Ivan, comment fais-tu pour garder une telle forme? Quel est ton secret?
Chaque mois, je fais subir un choc terrible à mon organisme: j'arrête de boire pendant une journée!

Un ami russe appelle un autre au téléphone:
Je suis avec deux filles, on va passer chez toi.
Ok. Comment sont-elles?
La mienne, c'est une bombe.
Et la mienne?
Ne t'inquiète pas, tu boiras un coup de la vodka et ça ira...
Quelques instants plus tard, on sonne à la porte. Il ouvre, découvre la fille et s'écrie:
T'es fou! Je ne pourrai jamais boire autant!

Un russe est assis chez lui, à la table de sa cuisine. Il est en train de boire de la vodka. Arrive son fils.
Papa, le prix de la vodka a augmenté. Ca veut dire que tu vas moins boire?
Non fiston, ça veut dire que tu vas moins bouffer.

Vous trouverez d'autres blagues et citations à propos de la Vodka en cliquant sur:
http://chezsvetlana.free.fr/htm/liter/vodka_poesie.htm; (en russe et en français); un site qui mérite le détour!

Vous pourrez apprécier l'histoire de la Vodka et des indications très intéressantes quant à l'influence de Mendeléev (célèbre chimiste russe auquel nous devons notamment le tableau périodique des éléments que les écoliers connaissent bien (pardon: devraient bien connaître!) sur le taux d'alcool sur la plupart des boissons fortes européennes, en consultant la page:
http://www.russie.net/gastronomie/vodka.htm#top. C'est sur cette page que vous trouverez aussi de nombreuses recettes de cocktails à base de Vodka.

Et voici pour terminer une petite poésie traduite par Mme Svetlana Popova:

Tous peuvent boire,
Il n'est que nécessaire
De savoir
ou, avec qui et quand
A quoi bon et combien!


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