Lorsqu'il nous arrive de parler "fantômes", avez-vous déjà remarqué que c'était de préférence à l'occasion d'une panne de courant ou dans des circonstances assez lugubres et que l'on évoque systématiquement de vieilles maisons hantées, des pavillons délabrés et à l'abandon, des châteaux, bref des endroits sur lesquels le temps a déjà manifestement mis son empreinte?

On pourrait donc se demander si, à l'époque de l'ordinateur, au siècle des inventions, à l'ère de la modernité, les fantômes n'ont pas subi un "coup de vieux" notable et s'ils ne sont pas condamnés (après avoir déjà été damnés!) à disparaître!

Le fantôme est bien sûr un concept générique, bien qu'on le conçoive le plus généralement comme revêtu d'un drap blanc, tirant des boulets à l'occasion et jouant les passe-murailles pour faire bonne mesure. Leur rôle est depuis longtemps connu: venir hanter les vivants, faire entendre leurs gémissements, hurlements ou grincements de chaînes, perturber le sommeil des hôtes et les effrayer quand il ne s'agit pas de les prendre à parti par jets de pierres brûlantes ou autres procédés psychokinétiques ou, en tous cas, sortant de l'ordinaire.

On s'accorde aussi pour dire qu'il s'agit là de l'esprit des morts, revenant expier une peine. Le reliquat d'une existence qui aurait trouvé prématurément, injustement, ou tragiquement son terme viendrait accomplir quelque sombre mission parmi nous.

Pour nous Occidentaux, le rapport avec la religion semble pouvoir s'imposer facilement (bien que nombre d'athées aient pu remarquer des fantômes ou subir leurs actes ou présences désagréables). Rares sont ceux qui n'ont pas au moins une fois connu une expérience troublante qu'ils ont pu mettre en corrélation avec les fantômes. Fantômes et résurrection, damnation, expiation, enfer et purgatoire, vie après la mort et "au-delà" sont autant de sujets vis-à-vis desquels le christianisme a son mot à dire. Mais est-ce à dire que les fantômes sont une exclusivité occidentale et en rapport avec cette religion, n'y aurait-il donc pas de fantômes en Bulgarie ou dans les pays de l'Est sous prétexte que la religion orthodoxe ou l'Islam y sont majoritaires?

Voilà autant de questions auxquelles cet article tente de répondre. Et il faut bien avouer, pour répondre à la première question, que les fantômes n'occupent plus, depuis longtemps déjà, la première place du hit-parade des manifestations de l'étrange. La dernière qui me revienne à l'esprit (qui avait été étudiée dans le cadre du G.E.S.O.) était une affaire de poltergeist qui sévissait dans la région de Charleroi (à Anderlues plus exactement). L'affaire remonte à la fin des années 70 et, depuis, c'est le vide désertique. De son côté, si le cinéma a continué à mettre en scène son maître des ténèbres "Dracula" comme vampire, ses petits frères fantômes se sont faits beaucoup plus discrets. Peut-être, sous l'influence de Stephen King et de ses émules, ont-ils muté en certaines variantes du type "Scream" ou bien "Souviens-toi l'été dernier"? Pourtant, quand on y réfléchit bien, lorsqu'on approffondit la question, on se souvient de ce film ou un écran de télévision "aspire" les spectateurs et les plonge dans un univers inconnu, l'ordinateur lui-même paraît capable, du moins dans certaines imaginations, de réserver des surprises surnaturelles, les ascenseurs eux-mêmes jouent des tours pendables. Lino Ventura en personne s'est frotté au sujet dans Medusa Touch et Kirk Douglas n'y a pas échappé. (Il est vrai que ces deux acteurs en savent désormais peut-être maintenant plus long que nous sur l'au-delà!)

Nous n'allons pas nous apesantir sur des "peut-être" surtout dans un sujet qui, par sa vocation surnaturelle ne trouvera de toute façon pas de conclusion définitive. Cependant, il semble que les fantômes n'aient pas encore dit leur dernier mot ni poussé leurs derniers soupirs et que tant qu'il restera de vieilles personnes pour en parler, de vieilles demeures pour les abriter, ils feront encore parler d'eux en attendant la relève par les fantômes "new-look".

Les pays de l'Est, quant à eux, méritent une considération différente. En effet, ces pays sont réputés pour être nettement en retard sur l'Occident. C'est donc peut-être de ce côté que les nôtres ont migré! Y a t'il ou pas des fantômes en Bulgarie (à ce qu'on raconte!) la religion est-elle donc un obstacle, ou au contraire la situation est-elle encore pire, enfin: est-ce pareil malgré les kilomètres? Voilà la question que je pose à un personne résidant en Bulgarie!

Voici la réponse:

Comme cela a déjà été dit, les fantômes ne sont pas aussi connus en Bulgarie qu'en Occident. Est-ce que cela veut dire que rien d'intéressant ne se passe dans ce pays, et qu'il n'y a rien qui pourrait attirer l'attention des amateurs d'occultisme et de l'extraordinaire? C'est ce que nous allons voir.

Depuis la haute antiquité, quand le territoire de la Bulgarie contemporaine était habité par les tribus thraces et le paganisme était leur unique religion, ces terres ont été exposées à plusieurs mystères. C'était là que se trouvait un des centres de l'ancienne civilisation. Les prêtres pouvaient prévoir l'avenir, traiter des maladies, communiquer à leurs dieux en cas des désastres.

Un de ces endroits se trouve dans le Rhodope, pas loin d'Assénovgrad, c'est la roche Bélintache. Elle attire beaucoup de visiteurs par ses légendes fantastiques. Selon les astronomes, de petites fosses sur cette roche représentent une carte céleste où l'on peut reconnaître l'Orion, la Grande Ourse, le Lion. Selon les historiens, ces fosses furent utilisées par les anciens prêtres thraces pour leurs rituels de feu.
Les habitants du lieu n'aiment pas visiter la roche et en parler non plus: on compte le site pour maudit et ce fait est lié à ce que le christianisme - dans la mesure de son développement - avait pour but de détruire des sanctuaires païens, en construisant des églises et des chapelles à leur place. Aussi dans le Rhodope, pas loin de Bélintache, il y a encore un lieu intéressant où se produisent des miracles, des feux étranges la nuit, la pluie qui ne tombe pas au-dessus de la croix, des extrasensoriels y ont des sensations bizarres. Ce lieu porte le nom "Krastova Gora" ("Mont de Croix"), parce que, comme raconte la légende, c'est là que se trouve un morceau de la croix sur laquelle fut crucifié Jésus Christ.

La Bulgarie est effectivement pleine de phénomènes miraculeux, on peut rencontrer très souvent des gens à capacités extraordinaires, devins et pronostiqueurs (gardez-vous des charlatans!). Telle était Vanga, une prophétesse bulgare connue dans le monde entier, ayant habité au lieu-dit "Roupité", près de Pétritch.

Jusqu'à nos jours sont conservés quelques mœurs païens, par exemple "néstinarstvo" (les danses sur la braise) qui a survécu à toutes les péripéties de l'histoire bulgare, dont le centre se situe au village de Balgari, dans Strandja; ou la tradition de porter le blanc et le rouge pour fêter le printemps au début de mars (Baba Marta).

Peut-on ne pas mentionner plusieurs sources et eaux minérales bulgares, dont l'origine est souvent liée à une légende?

Le Rhodope, une montagne miraculeuse, garde ses secrets et ne se presse pas de les ouvrir. C'est là, à ce qu'on dit, que se trouve le sanctuaire de Dionysos, dieu de la Vigne. C'est juste, cette montagne porte le nom d'Orphée et c'est dans une de ces grottes qu'il descendit pour en ramener son épouse Eurydice. Et je me demande si c'est par hasard que la voix de Valia Balkanska, une des "filles d'Orphée", a été choisie parmi plusieurs candidats, et a été lancée sur un disque de platine à bord de "Voyager" pour présenter la civilisation de notre planète!

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