Longtemps, longtemps nous nous sommes érigés contre ce préjugé extrêmement tenace selon lequel les ressortissantes des pays de l'Est sont des "filles faciles", se prostituant bien volontiers. Il s'agit d'un préjugé très fort en Occident et peut-être encore plus en Belgique parce que, c'est vrai, les quartiers chauds de Bruxelles et d'ailleurs sont envahis depuis quelques années de filles issues de ces pays. La Bulgarie semble d'ailleurs particulièrement dans le
collimateur des journalistes belges qui ont le pompon pour pondre leurs articles déplaisants avec une étrange prédilection pour les filles bulgares! La télévision a pris le relais et mis en scène quelques enquêtes sur le milieu, avec pour principales "actrices", des bulgares!
Il n'est donc pas étonnant que pour nombre de belges, les femmes bulgares soient des prostituées en puissance, comme si les bulgares étaient "plus prostituées" que les autres (plus vicieuses peut-être aussi, tant qu'on y est!). Et chacun sait, ou devrait savoir que, bien sûr, il n'y a en Belgique aucune prostituée belge... (Ben voyons! Chassez l'hypocrisie, elle revient au galop!)
Oui, mais, diront certains, pourquoi ces prostituées des pays de l'Est viennent-elles écumer nos charmantes rues et nos beaux trottoirs? Pourquoi ne se contentent-elles plus de leurs pays et de leurs compatriotes? Pourquoi doivent-elles venir exercer leur "sale métier" chez nous?
"Matrioshki" est une série flamande (et donc belge) qui vient de diffuser son deuxième épisode sur
Bel-RTL ce jeudi 13/10/05 et qui, fort heureusement, vient rétablir la vérité. Une vérité qui dérange, une vérité qui fait mal. Mais c'est LA vérité, ou du moins l'une de celles-ci car il existe malheureusement plusieurs variantes. De quoi s'agit-il?

Le processus est
désormais lancé depuis fort longtemps déjà: chaque année, des centaines de
femmes des pays de l'Est sont enlevées et forcées à se prostituer. Matrioshki
est l'histoire de dix d'entre elles. De jeunes lituaniennes rêvent
de quitter leur pays pour rejoindre les pays prospères de l'Ouest. Lorsque
l'on voit où elles habitent, quelles sont leurs conditions d'existence, on
comprend que leur avenir est tout sauf rose. Il ne fait donc aucun doute
qu'elles constituent des proies faciles, ce qui n'est en aucun cas synonyme de
"filles faciles". Ayant lu une annonce, elles décident de se rendre à une
audition organisée par des producteurs cherchant des danseuses pour une tournée
dans toute l'Europe. Séduites par les promesses de richesse, les filles retenues
signent un contrat peu clair, c'est le moins qu'on puisse dire puisqu'il est
libellé en grec. Elles n'y comprennent donc strictement rien et se voient
obligées de faire confiance.

Pour faire partie de la troupe, elles devront toutefois
généralement disposer de l'accord parental et les suspicions pourraient germer,
d'autant qu'il leur est stipulé qu'en cas de rupture de contrat, elles devraient
s'acquitter d'une somme conséquente dont elles ne possèdent pas le premier sou.
Le travail qui apparaît sous cape est donc un piège redoutable autant qu'un
argument en soi. Mais les difficultés sont vite aplanies, certaines imitent la
signature convoitée, une fille trop méfiante est retrouvée, après coup,
assassinée dans un container, l'autorité des responsables est indéniable et
tranchante, déjà révélatrice à elle seule. Et puis, que ne feraient-elles
pas pour quitter le bled pourri où elles habitent? Ne leur propose t'on
pas un travail intéressant dans lequel elles pourront pleinement s'exprimer, un
travail exigeant mais somme toute agréable... la danse!
Pourtant, un journaliste zélé essaie de les prévenir, d'avertir leurs parents,
bref de s'interposer en coulisses et d'éviter la catastrophe qui attend les
pauvres jeunes filles, victimes de leur misère et des belles paroles d'individus
sans scrupules. Mais ce Nico Maes va se heurter à des difficultés
inattendues: les parents sont désabusés et ont leurs propres problèmes, leur
propre misère et se méfient eux-mêmes de ce personnage sorti d'on ne sait où et
qui empêcherait bien leurs filles de trouver le bonheur. Nico ne dispose
que de peu de temps et le journal qui l'emploie ne peut consentir longtemps à
continuer de payer un voyage dont on n'entrevoit pas bien la finalité ni le
scoop. Il doit aussi agir à l'insu des truands, lesquels n'en sont pas à
un cadavre près. Et puis, la corruption règne partout et une ancienne
victime, trop au courant des agissements des sinistres individus a bien trop
peur de se mêler à tout cela et d'avouer par la même occasion son passé noir à
son mari.

Donc, Nico Maes ne parvient pas à empêcher que les filles ne
prennent la route en compagnie des proxénètes que les filles prennent toujours
pour d'honnêtes employeurs. Ces "employeurs" et complices qui ont pour
noms Peter Van den Begin (Raymond Van Mechelen), Luk Wijns (Eddy Stoefs), Axel
Daeseleire (Jan Verplancke), Tom Van Dyck (Vincent Dockx) vont alors très vite
commencer à mettre les filles "au parfum" et, après l'épisode de la plage où on
les obligera à "enlever le haut" (pour faire bronzer les seins), on leur
présentera leurs tenues de travail: en fait des tenues de strip-teaseuses.
Cela provoquera bien entendu l'un des derniers mouvements de révolte de la part
de ces demoiselles toujours dans l'ignorance. On leur rappellera alors
qu'elles devront payer très cher pour casser leur "contrat", mais que si elles
le veulent absolument, elles n'auront qu'à travailler durant deux mois après
quoi elles pourront partir. Mais à ce stade du film, le spectateur un tant
soi peu averti aura déjà compris que sur ce laps de temps, le piège se sera déjà
refermé impitoyablement, depuis longtemps.
Lorsqu'on commencera à leur montrer comment danser autour
d'une barre, en ondulant de la croupe, en se déshabillant progressivement, pour
terminer complètement nues (pas seulement le dessus - les gens veulent du sexe,
leur dira t'on!) on aura compris que toute marche arrière s'avère déjà très
compromise!
Jusque là, toutefois, les scènes présentées à l'écran sont encore très
édulcorées par rapport à la réalité. Mais bien que ce ne soit pas
nécessaire et que le simple journal télévisé nous en montre souvent beaucoup
plus, les épisodes suivants seront paraît-il beaucoup plus durs et les images
plus évocatrices, plus éloquentes.
Notre objet n'est pas ici d'entrer dans les détails et les techniques de la
prostitution, le phénomène est déjà bien assez triste comme ça. Il nous
suffit quant à nous de savoir que les noms des truands en question sont des noms
bien belges et que c'est bien d'une "mafia belge" ou du moins d'un réseau belge
(les filles exercent à Anvers) dont il s'agit. Ce réseau va donc chercher
des filles en Lituanie ou dans d'autres pays de l'Est, il les enlève en leur
faisant miroiter des emplois aussi mirobolants que fictifs et mensongers et les
force à se prostituer. Corvéables à merci, réduites à l'esclavage sexuel, elles
ne peuvent aussi que proposer des tarifs extrêmement compétitifs.
Qu'il est facile de faire son beurre en "cassant le marché" quand ce sont les
autres qui font le travail. C'est à peu près aussi facile que de critiquer
sans savoir...
Un petit point d'ombre: le titre lui-même est un mot russe. En effet "matrioshki"
signifie "poupées". On voit évidemment directement le rapport et
l'allusion mais pourquoi avoir cherché un mot d'origine russe? Encore une
regrettable confusion sans doute. A moins que cela ne provienne de cette
tendance qu'ont les gens de chez nous de comparer tous les pays de l'Est à la
Russie!
Quelques questions se posent sur cette série et son sujet:
Mais si ces filles sont réellement des "victimes" (puisque vous essayez de
nous faire croire qu'il ne s'agit pas de vicieuses) qu'est-ce qui les empêche de
retourner chez elles?
Ce serait effectivement une bonne solution et en même temps une excellente
réponse à la particularité de notre hospitalité vis-à-vis d'elles! Dans la
série "Matrioshki" on voit très bien que, lorsque deux de ces filles doivent se
déshabiller en public, ce n'est vraiment pas de gaieté de cœur qu'elles
s'exécutent. C'est vraiment contraintes et forcées qu'elles le font, le
cœur au bord des lèvres et les larmes aux yeux. Mis à part une fille
parmi les dix (une proportion révélatrice) qui a déjà couché avant même
d'arriver en Belgique (et chez nous il en existerait bien plus qui le feraient
même sans propositions alléchantes...) on voit très bien qu'il ne s'agit
absolument pas de vicieuses.
Retourner chez soi pour échapper à cet enfer? Pas si simple! Elles se
trouvent fort perdues dans un pays qu'elles ne connaissent pas, où l'on parle
une langue qui leur est totalement étranger (le français - et ne parlons même
pas du flamand qui s'étudie fort peu en dehors de nos terres) ou même l'écriture
peut être différente. Elles ne disposent ni d'argent (qu'elles doivent
restituer systématiquement aux proxénètes) ni de leurs papiers (aux mains des
mêmes proxos) De plus, l'organisation, les truands, surveillent et,
au besoin, sanctionnent durement. On voit notamment, dans le film, que les
incartades peuvent être punies de mort. Il est très difficile de prendre
le train dans les conditions précédentes, surtout si on a le corps, criblé de
balles, à quelques mètres de profondeur, dans un lac, alors que la tête se
trouve dans un congélateur! Quant aux mouchards éventuels, n'explosent-ils
pas dans leur caravane? Quant aux flics, n'y comptons pas trop. Il
nous a suffi d'arriver au deuxième épisode pour remarquer que l'un des deux
compères chargés de l'enquête était véreux... Il n'y a pas qu'à l'Est que
la corruption sévit.
Les noms des personnes impliquées sont effectivement des noms bien belges.
Mais leur consonance flamande pourrait aussi en faire des Hollandais, non?
C'est vrai. Pourtant, Anvers est bien en Belgique. Lorsque les
enquêteurs font irruption dans un bar appartenant à l'organisation, le portier,
Vincent Dockx, est bien occupé à faire honneur à son paquet de frites. Sa
réaction lorsque la femme-flic le privera de son paquet, sera toute belge: il
lui plongera la tête dans ces frites souillées et encore pleines de sauce!
Le nom "Van Mechelen" signifie "de Malines" et Malines est en Belgique.
Jetons à présent un petit coup d'œil sur les autres caractéristiques du film:
Titre original : Matroesjka's
Saisons : 1 - Episodes : 10
Série créée par
Guy Goossens, Marc Punt en 2004
Avec : Peter Van den Begin, Mark Van Eeghem
Producteur :
Marc Punt
Format : 45 mn. Genre : Drame
Nationalité : Belge
Moi, si j'étais forcée à me prostituer, je préférerais me suicider!
Les proxénètes ne vous pleureraient pas. Ils râleraient seulement un peu pour cette perte momentanée de revenus. Mais ce ne serait très momentané. Il ne faut pas perdre de vue que le film ne met en scène qu'une dizaine de filles, il s'agit d'une simple question de facilité pour la mise en scène. La réalité est encore plus dure car ce ne sont pas moins de 3000 filles par an qui débarquent dans notre beau pays. Une de plus ou une de moins...
N'empêche que pour en arriver à se prostituer, vous ne m'enlèverez pas de l'idée qu'il faut être vicieuse!
Voilà la réaction d'une personne qui ne sait probablement pas ce qu'est la misère noire, avec comme toute perspective d'avenir, cette même misère noire. Comment ne pas comprendre qu'après une petite vingtaine d'années de ce régime, on ne puisse pas croire en sa bonne étoile, enfin? Mais une fois que l'on est pris dans l'engrenage... Dans certains cas, les proxénètes droguent les filles, non seulement pour s'assurer leur docilité mais aussi pour les rendre encore plus dépendantes d'eux, plus malléables
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Russie
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Et
si on parlait de la femme russe?
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